4 expressions à revisiter pour mieux exprimer ses émotions
Non, je ne vire pas coach de vie.
Hello hello!
Cette semaine, j’ai envie de vous parler de communication. C’est un sujet récurrent en clinique et beaucoup de gens rencontrent des difficultés à nommer leurs émotions. Mine de rien, on a pas tant que ça appris à discuter de ce qu’on ressent intérieurement. Pourtant, c’est assez primordial si l’on veut pouvoir nommer ce qui nous tracasse, ce qui nous met en joie, ce qui nous fâche, ce qui nous allume, etc.
Sinon, je remercie INFINIMENT toutes les belles personnes qui sont venues me faire coucou au lancement de mon livre.
Savoir mieux exprimer ses émotions, ça a du bon!
Dans ma pratique, je remarque que de nombreuses personnes sont aux prises avec des tics de langage qui affectent leur capacité à exprimer ce qu’iels ressentent profondément. Ces expressions peuvent sembler anodines, mais elles témoignent d’une gêne et d’une crainte à se montrer vulnérable. Pourtant, il peut être très positif d’atteindre un état de vulnérabilité pour mieux comprendre comment on fonctionne, nos zones de sensibilité, etc. Je me suis amusée à noter les expressions que j’entends fréquemment (ou que j’utilise moi-même parfois!) et auxquelles on devrait réfléchir à deux fois avant de les dire. Pas pour se censurer, mais simplement pour constater qu’elles en disent beaucoup sur nos peurs et nos insécurités.
« C’est niaiseux, mais… »
Lorsque l’on commence une phrase ainsi, on annonce d’emblée à notre interlocuteur.trice que ce que l’on s’apprête à dire n’a pas d’importance. Mais si l’on prend la peine de le dire, c’est qu’au contraire, cela nous tient à cœur. Quand une personne a ce réflexe dans une séance, j’attends qu’elle me nomme ce qui est supposément « niaiseux » et, lorsqu’on a analysé la chose, je lui demande si elle trouve toujours que c’est « con/nono/stupide » d’avoir abordé ce sujet. La majorité du temps, la personne réalise que ce ne l’est pas du tout. Et que c’était même nécessaire de le nommer.
Une majorité de gens ont appris très jeune à ne pas nourrir ces émotions et, au contraire, à les éviter. Par contre, et c’est un peu le principe de l’évitement : on s’en sauve sur le coup, mais ça ne veut pas dire que ça disparaît! Diminuer l’importance de l’émotion peut donc fonctionner momentanément, mais à long terme, elle finira par sortir. Ou, si elle ne sort pas, cela pourra avoir des impacts sur la santé, comme le stress, la fatigue, un malaise généralisé, etc.
« Je pleure pour rien »
On pleure rarement (voire jamais) pour rien. La tristesse, la peine, la colère, la frustration, le désespoir, la joie, ce sont toutes des émotions variées qui peuvent mener aux larmes et qui sont loin d'être « rien ». Au contraire, il faudrait célébrer le fait d’arriver à pleurer. Mais on a l’habitude de voir les larmes comme un signe de faiblesse, de fragilité. Pourtant, laisser aller ses larmes peut avoir du bon sur le bien-être comme :
Se calmer, s’apaiser;
Baisser le stress;
Mieux dormir.
En clinique, chaque fois qu’une personne me dit « Je suis désolée » parce qu’elle pleure, je lui dis : « Prends ton temps et tu n’as pas à t’excuser ». Comme l’explique bien cette publication de Sexfluent.ca, « pleurer, c’est se donner la permission de ressentir ».
« Je me répète »
Lorsqu’on commence un processus thérapeutique, on veut habituellement apporter un changement dans son existence. De plus, si l’on demande de l’aide d’un.e thérapeute, c’est que l’on n’y arrive pas seul.e pour le moment. Ainsi, il est normal d’avoir l’impression de se répéter en thérapie, puisqu’on travaille des éléments de fond qui sont difficiles à améliorer/maintenir/rétablir. Donc, répéter est tout à fait approprié, car c’est le signe qu’il y a quelque chose à travailler.
Par contre, si la personne est plutôt dans un état de rumination, c’est-à-dire qu’elle fait de l’overthinking face à certains éléments qui l’activent, il est important de lui refléter ce fait. On peut l’amener à prendre conscience de ce qui se cache derrière la rumination, soit souvent une volonté de contrôle et une difficulté à lâcher prise.
Mais répéter, à la base, n’est pas grave. C’est aussi une façon de s’approprier pas à pas le changement. Les enfants apprennent en répétant? Les adultes aussi! 😉
« J’ai peur de n’avoir rien à dire »
Quand une personne me dit qu’elle s’inquiète de ce qu’elle va dire en séance, qu’elle anticipe beaucoup les rencontres et se prépare en amont, j’essaie de voir pourquoi elle le fait. Souvent, c’est l’anxiété de performance qui s’invite. Comme thérapeute, je m’attends à ce que la personne s’investisse, bien sûr. Mais cela ne veut pas dire qu’elle doit se mettre le stress sur les épaules, comme si elle était évaluée pour un oral en classe!
Je vais tenter, à ce moment, de creuser avec la personne pourquoi elle ressent cette pression à « livrer quelque chose ». Évidemment, je m’analyse aussi pour m’assurer que je ne crée pas moi-même ce sentiment chez la personne. Je vais aussi rassurer cette dernière en lui disant, par exemple, « S’il y a des silences, on les vivra » ou, encore, « C’est ton espace, tu peux arriver ici et relâcher ». Parce que c’est le danger de notre époque; vouloir tout performer, même sa thérapie!
En somme, ces différentes phrases, qui peuvent sembler banales, voire triviales, sont pourtant chargées de sens. Elles constituent parfois d’excellents indices pour comprendre comment la personne se sent, mais également pour effectuer des interventions qui vont l’aider à prendre conscience de certains réflexes et comportements. Donc, ne vous sentez pas mal si vous les prononcez; elles sont utiles ! Et faites confiance à votre thérapeute; elle ou il trouvera la façon d’en faire ressortir quelque chose de constructif et d’aidant.
À découvrir
Vous avez envie de vous bidonner solide ? Le livre de mes beaux.belles ami.e.s Caroline et Mathieu (
) est du bonbon. Je me suis presque fait peupi dessus (for real). Si c’est pas une garantie de drôlerie ça, ben je sais pas ce que c’est. Achetez-moi ça au plus sacrant, dans votre librairie indépendante favorite, idéalement.Sur ce, je vous souhaite une très bonne semaine et à bientôt!
Envie que j’écrive sur un sujet en particulier ? Écrivez-moi! 🙂
Excellent article, merci Myriam :) c'est tellement des phrases qu'on dit de façon «automatique» sans trop y penser. De mon côté, j'essaie de changer mon vocabulaire avec les autres, du genre «excuse-moi pour le retard» devient «merci pour ta patience» et je sens que ça fait une belle différence dans la façon dont je me sens dans mes relations pro et perso :)